La Grande demeure
Une expériende d'art public citoyenne, participative et transdisciplinaire de relation au monde
Proposition d'aménagement pour le parc Frédéric-Back
Conseil des Arts du Canada
Montréal, Qc
2016
La grande demeure est un projet proposé dans le cadre de l'aménagement du Parc Frédéric-Back, à même le site du complexe environnemental St-Michel (CESM) à Montréal dans l'optique de rendre manifeste notre présence au monde culturel et de rendre tangible notre présence au monde naturel.
En cette période de crise de la présence au monde qui contamine le devenir de nos sociétés, le projet veut faire VOIR et ENTENDRE la pluralité des visions du monde et VIVRE et RESSENTIR l'expérience d'une présence au monde.
La palabre ramène aux vertus de la plus élémentaire SOCIABILITÉ. C'est par la palabre qu’on rappelle ce que dit l’éthique pour assurer un meilleur VIVRE ENSEMBLE.
La palabre est une coutume de rencontre, de création et de maintien du lien social qui est une véritable institution sociale à laquelle participe toute ou une partie de la communauté d’un village. Cette coutume permet également de régler un contentieux sans que les protagonistes ne soient lésés.
On l'appelle la Grande demeure.

Le fûdo ou fûdosei (médiance en français) est un concept japonais pour désigner la relation de l’homme avec son milieu et c’est le corps qui permet la présence la plus immédiate au monde. On ne peut avoir l'être humain sans son milieu !
Mais la croyance en un monde stable que l’homme maîtrise et organise par la technique et dont il est le centre à perdu toute crédibilité. Exister c’est être au monde et nous avons à réviser notre vision du monde et notre manière de concevoir la vie pour retrouver comment HABITER LE MONDE.
L'homme habite une Grande demeure.

Fusionner la coutume du vivre ensemble de la palabre avec le concept d’habiter le monde du fûdosei pour construire cette GRANDE DEMEURE.
Voilà le projet qu’on propose !
Trois archétypes fondamentaux composent la Grande demeure
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La maison
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Le cercle
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Le labyrinthe
La maison permet au poète d’habiter l’univers et l’univers de façon dynamique vient habiter sa maison. La maison vécu n’est pas une boite inerte mais une incroyable boite à projections.
La maison, un pavillon de 6 mètres x 6 mètres, de même dimension que le théâtre Nô, dont la toiture s’élance vers le ciel. Deux faces sont ouvertes et les deux autres sont construites à l’aide de plaques réfléchissantes en acier inoxydable. Disposées aléatoirement elles crées des fenêtres sur le monde et la réflexion du monde.
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Projection du réel - De l’extérieur, l’image démultipliée du monde.
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Projections des songes - De l’intérieur, nos refuges à souvenirs.
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Diverses projections – Projections VJ, spectacles son et lumière, projections cinématographiques

Le cercle est le symbole le plus universel d’entre tous. Les hommes se rassemblent en cercle et cette circularité évoque la vie et l’harmonie. Le cercle à aussi été associé à la clairière, la clairière humaine, le lieu ou la lumière se révèle à l’Homme, le lieu de son apprivoisement.
Le cercle de l’humanité n’est pas un lieu inanimé mais un lieu pour le vivre ensemble et la découverte de milieux humains de grande diversité qui ont élaboré différentes perceptions du monde.

La plaine et le sahel, évoquent de façon naturelle l’ancrage dans un terroir. Ces deux lieux serviront à créer un agora naturel ou divers publics pourront se rassembler et assister aux différentes prestations d’art public se déroulant dans le pavillon central.
La plaine est représentée par des vallons verdoyants en surélévations. Le sahel, lieu de nomadisme est représenté par une dune de sable en dépression. Dépression pour le sahel et surélévation pour la plaine. Une façon de montrer avec peu de moyen la vérité et la beauté du monde.
La toundra et la mer incarne deux histoires humaines, celle des peuples enracinés, autochtones, et celles des peuples de la mer, les migrants. Ces lieux serviront pour des activités de médiation culturelle et de création d’œuvres collaboratives entre artistes et publics.
Plateaux libres et informels qui incarnent la nature dans son expression la plus pure et la plus puissante, les surfaces de la toundra et de la mer seront parfaitement droite et construite de façon minimaliste en pierre de granit de couleur bleu profond pour représenter de façon abstraite la mer et blanc éthéré pour la toundra.
La clairière, un canevas d’expression, rassemble quatre paysages à l’intérieur d’un cercle de forme elliptique, chacun évoquant un milieu humain. Les surfaces sont équivalentes à la surface d’un terrain de basketball, soit environ 420 mètres carrés et permettra de rassembler plus de 1500 personnes dans cette clairière de l’humanité.
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Vivre la « street culture » - Pratiques artistiques actuelles faisant la promotion de l’éducation, de la paix, l’unité, l’amour, la compréhension, le respect, la justice, la liberté, la vie, et toute forme de subversion afin de construire de nouvelles règles d’égalité et d’émancipation collective.
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Vivre dans l’espace de la diversité – Activités ponctuelles organisées, conçues et animées dans une perspective de médiation interculturelle.


Le labyrinthe est l’une des plus anciennes figures de la pensée humaine. Il représente les méandres de l’humanité. Il nous parle de voyage, de quête, de métamorphose et symbolise l’homme destiné à s’engager dans la vie pour y trouver son chemin.
Les éléments de mémoire, de récits et d’habitudes seront identifiés par une colonnade dressée le long de quatre chemins qui forment un croisement. Des mâts totémiques emblématiques qui serviront à identifier les diverses nations qui se sont établis dans le quartier.
Quatre chemins de 2,5 mètres de largeur orientés en direction des quatre points de l’horizon nous mènent au coeur de la clairière qui symbolise ce croisement des peuples provenant des quatres coins du monde. Sur les chemins, 9 colonnes de bois représentent les 36 ethnies qui vivent maintenant dans le quartier St-Michel.
Dans les jardins apparaît au 16e siècle le labyrinthe comme forme canonique de l’expérimentation de l’espace et du plaisir de la découverte. Depuis toujours, il représente l’homme destiné à s’engager dans la vie pour y trouver son chemin.
Avec tous ces détours, les divers sentiers du site du complexe environnemental de Saint-Michel nous amènent vers le Cercle de l’humanité. Une forme de labyrinthe vers la clairière, vers le lieu pour le vivre ensemble, le milieu pour des expériences d’art public ou le citoyen devient l’acteur.


Une expérience d’art citoyenne, participative et transdisciplinaire ou la pluralité des visions du monde (représenté par la palabre) et l’expérience d’une présence au monde (représenté par le fûdo) s’entremêle de manière subtile. Un retour à l’éthique, au vrai chose, au concret …
Serait-ce une voie apte a redonner sens à la vie humaine pour construire un séjour ou soit assumée la fêlure du monde !

Le complexe environnemental de Saint-Michel est un grand parc multi-fonctionnel établis sur un ancien dépotoir. Situé dans l’arrondissement Villeray-Saint-Michel-Parc-Extention, il deviendra d’ici 2020 l’un des plus grands parcs urbains de Montréal.
En réhabilitant ce site, Montréal, s’est donné pour mission d’en faire le plus ambitieux projet de réhabilitation environnementale à ce jour, de grande visée internationale avec les arts du cirque, mais aussi de contribuer au développement communautaire du quartier Saint-Michel.
L’environnement, la justice social et la coopération constituent les paradigmes de l’humanité du XXIe siècle. Faire renaitre un parc d’une dépotoir est d’une charge symbolique très puissante puisqu’il démontre la capacité des hommes à s’humaniser.
Le quartier St-Michel est l’un des quartiers les plus densément peuplés et l’un des plus multiethniques de Montréal. Défavorisés économiquement et socialement sa population à besoin de faire un bond quantitatif et qualitatif à tous les points de vue, notamment au niveau d’un lieu hautement symbolique.
Saint-Michel n’est pas un désert culturel pour autant. C’est un quartier riche par sa diversité et tous ses talents. Il existe un potentiel inestimable qui ne demande que les moyens de pouvoir faire de ce coin, un lieu véritable de vie ou la citoyenneté n’est pas un concept. Ou la citoyenneté se vit par la culture avant tout.
Un site qui devient un lieu d’expérimentation d’art public, de spectacles, de jeux et de fête. On s’en sert en le respectant, on le révèle autrement par une Grande demeure qui s’installe …
Proposer une œuvre au allure éphémère est peut-être une façon de sortir la ville de son aura conformiste et confortable pour qu’elle redevienne une matrice de matière vivante et qu’elle puisse enfin se mettre en phase avec son temps et ses citoyens.

Très ancien, le tissage est un ouvrage de fils tressés qui implique la notion de création et d’union. Créer un tissage à l’échelle de la ville qui évoque la pluralité des visions du monde et matérialise le projet humain du vivre ensemble, voilà le projet qu’on propose.
Un geste sculptural, qui évoque un immense tapis de 60 mètres x 97 mètres composée de cordage et de bandes de couleur, le tout entrelacé. Les bandes se déplacent avec le vent, créent de subtil sifflement, protègent du soleil et le réfléchis pendant la journée.
